Compte-rendu du p’tit dej Brézéo du 24/02/2022 « Il nous faut écrire un nouveau monde ! »

    Compte-rendu du p’tit dej Brézéo du 24/02/2022 « Il nous faut écrire un nouveau monde ! »

    Le premier p’tit déjeuner Brézéo, animé par Nathalie Baret Haddad (NBH TRANSITIONS, conseils et formations en management, communication et ressources humaines), consacré à la problématique : « Travailler ensemble pendant la crise sanitaire : expériences, bilans et perspectives pour demain ? » s’est révélé très instructif et stimulant !

    Croissants, café et jus d’orange nous étaient offerts dans un cadre lumineux et une ambiance conviviale, au Bar de la Tour à Ploërmel, pour la mise en commun de nos expériences, de nos ressources et la création de liens professionnels entre membres de Brézéo.

    Comme il est de règle pour ces p’tit dej, nous avons souhaité répondre à des préoccupations exprimées par nos adhérents : « Avec cette crise sanitaire, on n’a pas retrouvé nos salariés, pas plus que nos collaborateurs, ils sont différents, on doit s’adapter, adapter l’organisation du travail et notre management. »

    Ce compte rendu reprend, à grands traits, une partie seulement des échanges féconds qui se sont exprimés et ont enrichi notre réflexion et nos connaissances. Les interventions sont rapportées à partir de quelques-unes des questions que nous nous sommes collectivement posées.

     

    • Concernant la motivation, les valeurs et les besoins des salariés et des chefs d’entreprises, les choses ont-elles changées ? Les objectifs de votre entreprise, tels qu’ils sont habituellement présentés, suffisent-ils à fédérer vos équipes dans un contexte de contraintes renforcées et de fatigue accumulée ?

     

    Pour Jean-Yves Dubourg, Directeur de l’entreprise Dubourg encadrements, qui a été contraint de fermer ses ateliers plusieurs semaines, le retour a été rude. « Il a fallu se remettre au travail après une longue période d’arrêt qui avec le soleil ressemblait à des vacances. ». Dans son activité, le travail à distance n’est pas possible. Il a donc pointé une rupture de rythme assez longue et la nécessité de remobiliser ses salariés alors que les contraintes restaient lourdes. Il a témoigné de la difficulté qu’ont eu ses employés à gérer des situations familiales rendues complexe par la situation sanitaire. Enfin il a évoqué les difficultés de recrutement de personnel qui se sont encore renforcées « Il est aujourd’hui difficile d’attirer les jeunes talents ». Avec un souci de lucidité managériale et un volontarisme affiché, il a lancé « Il nous faut écrire un nouveau monde », « Il faut essayer autre chose, on est en pleine transition », « Il faut prendre acte des changements et trouver de nouveaux modèles en termes d’organisation du travail et de management ».

    Ghislaine Voyneau, consultante chez Randstad a confirmé le problème d’adéquation entre l’offre et la demande en matière d’emploi, « mais cela avait commencé bien avant la crise sanitaire ». Il y a de nombreuses attentes de la part des salariés. Aujourd’hui, il faut trouver de nouvelles conditions de travail attractives et innovantes pour attirer et retenir les salariés.

    Beaucoup de chefs d’entreprise ont constaté que les jeunes sont moins à la recherche de CDI, ils recherchent souvent des CDD qui leur permettent d’expérimenter sans s’engager. Ils veulent pouvoir choisir leur métier et leur environnement en connaissance de cause, se laisser le temps de la réflexion.

    Mais, pour une entreprise former le personnel prend beaucoup de temps et crée de la frustration lorsque le personnel décide finalement de partir.

    Par ailleurs, tous ont relevé un problème de mobilité sur notre territoire : ne pas avoir de permis de conduire est un handicap alors même que les transports publics sont insuffisamment développés.

     

     

    Cécile Lecomte, Directrice des Éditions La Pimpante, nous dit à quel point la maitrise de l’écriture et de l’expression langagière en général sont importantes pour pouvoir s’insérer correctement dans le monde du travail. Malheureusement, elle constate souvent des lacunes en la matière. Elle est personnellement très attentive à toutes les aides et formations permettant de gagner en compétences tout au long de la vie professionnelle. Elle a mis l’accent sur la nécessité d’accompagner les ambitions d’évolutions, légitimes alors même que les carrières s’allongent et que les techniques et technologies se transforment si vite. L’accompagnement aux divers changements, induits par la crise sanitaire, doivent être pensés et proposés.

    Maud Poupa, MP écriture, est venue appuyer cette vision par sa propre expérience. En plus de son activité d’auteur de livre et de créatrice de jeu, elle accompagne beaucoup de clients dans leur rédaction et leurs corrections.

    Michel Foucault, notaire à Josselin, nous a dit que « le travail n’est pas une valeur », les gens ne travaillent pas par amour du travail en soi, mais par nécessité de toucher un salaire.

    Mais un salaire pour quoi faire ? Peut-être, pour nourrir des valeurs, des besoins, des ambitions pour eux-mêmes et leurs familles. Quoiqu’il en soit, merci d’avoir ouvert la réflexion sur ce sujet : qu’est-ce qui motive aujourd’hui les salariés ? Comment attirer et fédérer leurs différentes « courses au bonheur » pour les rendre mutuellement avantageuses et économiquement efficaces ? Vaste sujet que ce p’tit dej n’a pas épuisé !

     

    • Concernant l’organisation du travail et pendant cette crise, avez-vous vécu un renforcement de la solidarité au sein de vos équipes ou bien un éparpillement de la collaboration ?

     

    La flexibilité du travail, spatiale et temporelle, a-t-elle été une réalité pour vous ? Correspond-elle à une attente des salariés ? Est-elle cause de craintes pour les dirigeants ?

    Plusieurs participants dont Jean-Baptiste Robinet de l’entreprise Houeix (plomberie, électricité, chauffage et énergies renouvelables) ont témoigné du renforcement de la solidarité entre les salariés au début de la crise, et cet élan, cette nécessité « à tenir et à faire tourner la boutique » était indépendante du salaire. Il fallait être là, tout le monde était là.

    Dans un premier temps, témoigne Mélissandre Boudot, responsable d’agence chez O2 care service (services à domicile), la situation a renforcé le sens de la mission des salariés « Les clients étaient tellement reconnaissants ! ». Dans beaucoup de situations les femmes qui intervenaient à domicile étaient le seul lien de vie avec l’extérieur et devenaient encore plus essentielles qu’à l’habitude.

    Puis avec le temps, la situation s’est considérablement compliquée. Il a fallu travailler avec la covid, les salariés ont dû composer avec la contamination ou ses risques pour elles-mêmes et leurs familles. Certaines ont donc été contraintes de s’absenter, parfois plusieurs semaines d’affilée, entraînant des difficultés financières telles que certaines ont abandonné leur carrière d’aides à domicile. La gestion des ressources humaines est « devenue intenable » par manque d’effectif et aussi à cause de la suspicion généralisée : « personne n’a envie de recevoir chez soi, quelqu’un qui a des risques d’être contagieux, en particulier quand on est âgé ou vulnérable. ».

    Par ailleurs, la flexibilité et les arrêts de travail successifs, rendent très difficile la focalisation permanente sur l’objectif, la cohésion de l’équipe, autrement dit la prise de conscience de la nécessité de la continuité du service rendu.

    Stéphane Boulet, de la société Axes et Sites (création de sites internet, développement logiciel et web), nous a fait lui aussi part de son expérience quant à la flexibilité. Dans son entreprise, il se concentre sur les missions de ses salariés, évaluant leur réussite sur l’atteinte de l’objectif fixé, leur laissant une latitude pour la gestion de leurs horaires. Ce système permet une adaptation, d’une part aux contraintes personnelles des salariés, d’autre part aux fluctuations de la charge de travail. Mais il a été confronté à la demande d’une nouvelle recrue qui souhaitait avoir des horaires fixes et les voir respectées, rendant la collaboration plus rigide, pas toujours en bonne adéquation avec le reste de l’équipe. Il a ainsi amené notre réflexion sur le concept d’implication et de responsabilités des salariés en contrepartie de la flexibilité horaire ou spatiale. Le management demande de la virtuosité, savoir doser autorité et confiance.

    Il a également soulevé le problème de la disponibilité des interlocuteurs qui travaillent chez eux et n’ont pas encore forcément les moyens d’être joignables. Aujourd’hui encore, la connexion internet n’est pas toujours correctement assurée et complexifie les échanges, retarde parfois l’avancement des projets.  

     

    • La communication : avez-vous trouvez le temps d’échanger avec vos salariés ? Avez-vous échangé des signes de reconnaissance sur les adaptations et les compétences acquises, les investissements réalisés par l’entreprise, continuez-vous de valoriser pour maintenir l’ambition d’avancer ?

     

    Christian Becker, de la société IP 3D DRONE, nous a longuement parlé de son expérience de salarié avant de se mettre à son compte. Il nous a fait part de la difficulté qui existe parfois à se faire entendre par les recruteurs, par les managers. En particulier quand le turn-over au sein des équipes est important et qu’il est alors difficile de créer des liens de confiance qui facilitent les échanges. Il a évoqué la nécessité de la juste valorisation des compétences et de la reconnaissance des efforts fournis en particulier pendant cette période de crise.

    Géraldine Rio, APS courtière en crédits, nous a exprimé avec authenticité et vigueur « son exaspération » face au manque d’implication, de volontarisme qu’elle constatait parfois dans son entourage professionnel, dans la société en général. Elle a pointé avec regrets des évolutions de mentalité, de manières d’être qui rendent difficiles la communication et la coopération au sein des organisations professionnelles.

    Certains ont dit l’envie des salariés d’être associés à la mise en place de la stratégie de l’entreprise pour donner plus de sens à leurs missions.

     

     

     

    Pour conclure, cette crise sanitaire fait évoluer nos manières de travailler ensemble, oblige à des changements organisationnels mais aussi à des transitions psychologiques. Toutes les catégories d’acteurs sont concernées et tout cela doit être pensé et accompagné, c’était tout l’objet de ce p’tit déj coup de boost !

     

    Un grand merci à toutes et tous pour votre présence et votre participation active.

    Nathalie Baret Haddad, NBH TRANSITIONS.