Retour sur la réunion d'information du 20 mai sur la "prévention des difficultés des entreprises"

    Retour sur la réunion d'information du 20 mai sur la "prévention des difficultés des entreprises"

    Le mardi 20 mai 2025, la salle de réunion de Cométias à Ploërmel a accueilli près de soixante chefs d’entreprise du territoire pour une rencontre d’une grande importance : une réunion consacrée à la prévention des difficultés des entreprises.

    Dans un climat économique toujours teinté d’incertitude, cette rencontre a rassemblé autour de la table des représentants d’institutions financières, des experts juridiques, des acteurs consulaires et des entrepreneurs pour échanger de manière concrète sur les outils existants, les démarches à entreprendre et les moyens d’agir tôt face aux premières fragilités.

     

    C’est Baptiste Allegrand, directeur départemental de la Banque de France, qui a introduit les échanges en dressant un état des lieux de la conjoncture économique.

    Il a rappelé que les prévisions de croissance demeuraient modestes, tant au niveau national qu’européen, avec une inflation maîtrisée, en grande partie grâce à la stabilisation des prix de l’énergie.

    Cela devrait ouvrir la voie à plusieurs baisses de taux dans les mois à venir, favorisant l’investissement. Toutefois, deux moteurs traditionnels de croissance, la consommation des ménages et le commerce extérieur, restent à la peine.

    Si le secteur industriel reste atone à l’exception de l’aéronautique, des signes de reprise sont perceptibles dans le bâtiment, en particulier pour les constructions neuves.

    Baptiste Allegrand a aussi souligné une situation financière des entreprises globalement stable : trésorerie à l’équilibre, baisse des impayés et ralentissement des défaillances – la Bretagne étant mieux lotie que la moyenne nationale.

    Il a également détaillé le rôle de la Banque de France dans l’accompagnement des entreprises en difficulté, par le biais de la médiation du crédit, des dispositifs CODEFI et CCSF, ou encore via des outils numériques comme le diagnostic financier OPALE.

    Xavier Sandrin, vice-président du tribunal de commerce de Vannes, a ensuite pris la parole pour rappeler que les tribunaux de commerce sont des partenaires accessibles et bienveillants.

    Il a insisté sur les procédures préventives que toute entreprise peut solliciter, comme le mandat ad hoc ou la conciliation, dans un cadre totalement confidentiel.

    Il a pris le temps d’expliquer les notions clés de cessation de paiement, de redressement et de liquidation judiciaire, insistant sur l’importance d’une démarche proactive du dirigeant pour garder la maîtrise de la situation.

     

    Bruno Noinski, avocat spécialisé en procédures collectives, a ensuite enrichi les échanges par un retour d’expérience de terrain.

    Il a déploré le trop grand nombre de dirigeants encore dans le déni face aux premiers signes de difficulté, ainsi que la faible connaissance des dispositifs existants.

    Il a rappelé que plus l’alerte est donnée tôt, plus les solutions sont efficaces.

    Il a souligné également l’importance de s’entourer de bons conseils (administrateurs, avocats, experts-comptables) et de veiller à la santé mentale du dirigeant, parfois mise à rude épreuve.

     

    Yves Le Mercier, conseiller à la CCI du Morbihan, a présenté l’accompagnement proposé par la chambre consulaire.

    Il a notamment évoqué le partenariat avec l’association EGEE, qui mobilise des anciens professionnels bénévoles, agissant dans la confidentialité et la bienveillance pour orienter les entreprises dès les premiers signes de fragilité.

    Il a rappelé que le facteur temps joue un rôle crucial : plus on intervient tôt, plus les marges de manœuvre sont grandes.

     

    Puis est venu le témoignage marquant d’un adhérent de Brézeo.

    Il a partagé son parcours de dirigeant ayant traversé une procédure de redressement.

    Il a raconté comment il avait choisi de se concentrer sur son métier, tout en confiant la gestion des aspects juridiques à un administrateur judiciaire.

    Grâce à cette stratégie, il a pu conserver la confiance de ses partenaires bancaires et fournisseurs, et réorienter son entreprise vers la croissance, sans contracter de nouvelle dette.

    Ce témoignage, empreint de résilience et de lucidité, a profondément résonné auprès de l’auditoire.

     

    Pour conclure la réunion, Saïd Bakhtous, président de la CCI du Morbihan, a livré un message clair : il ne faut jamais attendre d’être au pied du mur.

    Anticiper, c’est préserver l’avenir de son entreprise.

    Des ressources existent, encore faut-il s’en emparer.

     

    Nous tenons à adresser nos remerciements les plus sincères à l’ensemble des intervenants pour la richesse de leurs échanges et leur engagement à soutenir les entreprises :

    Baptiste Allegrand – Banque de France du Morbihan ; Xavier Sandrin – Tribunal de commerce de Vannes ; Bruno Noinski – Avocat spécialisé ; Yves Le Mercier – CCI du Morbihan ; Saïd Bakhtous – Président de la CCI du Morbihan

     

    Un grand merci également aux 60 chefs d’entreprise présents pour leur participation active, leurs questions pertinentes et leur volonté de se saisir du sujet avec sérieux.